La voile

La règle générale est que si une voile a une belle forme c’est qu’elle est bien. Comme il est interdit de la recouper, il est nécessaire de la remplacer à un rythme régulier. Je conseille fortement de s’entraîner avec un équipement raisonnablement bon et de régater avec du matériel absolument au top niveau. Si vous utilisez des voiles qui commencent à fatiguer, elles vous causeront une multitude de problèmes, notamment des mouvements de barre supplémentaires pour compenser les effets du vent, un angle de remontée au vent moins bon, une exagération sur le cunningham et une réduction des accélérations. Pour atteindre un certain niveau de performance, cela vaut la peine de faire tourner ses voiles progressivement, de les revendre, si possible, à des coureurs de moins bon niveau et d’en racheter de neuves.

Longévité

A un très haut niveau, une voile restera à son meilleur rendement seulement 4 à 5 régates (environ 25 à 30 manches), alors que dans des régates de club, vous pouvez au minimum faire toute une saison avec la même. Je vois des gens qui utilisent la même voile années après années. Ils se rendent un très mauvais service. Pour un investissement limité, ils seraient certains d’avoir un équipement dans le coup et de faire des progrès majeurs.

La chute, près du point d’écoute, commence à ouvrir de plus en plus près de la bôme.

La voile fait de mauvais plis dans le haut.

Les plis sous le vent révèlent trop de creux à l’arrière de la voile.

Quand le creux recule, une impressionnante quantité de cunningham est nécessaire pour le faire avancer à nouveau.

Parce que la bordure de la voile s’est allongée, l’oeillet de point d’écoute arrive presque jusqu’à jusqu’au pontet lorsque le bout de bordure est tendu.

 

Vous pouvez dire qu’une voile est usée en tâtant le craquant du tissu et en regardant comment les lattes se mettent en place. Quand une voile est neuve, elle semble marquée par les plis et raide, mais le fait que le tissu soit raide et apprêté est bon. Lorsqu’elle prend de l’âge, les lattes commencent à décrocher donnant un look avec une chute creuse et une attaque fine. Le creux se déplace en arrière lorsque le cintre du mât résorbe le creux du guindant.

D’autres signes sont la tension et les déformations autour de l’oeillet de cunningham et du point d’écoute. La vibration de la chute tend aussi à s’aggraver.

Quand vous y pensez, la voile de Laser en Dacron est elle-même son pire ennemi, en se creusant par étirement dans les vents forts. C’est l’effet opposé à celui souhaité et difficile à contrôler. Malgré cela, je pense que la voile est bien coupée. Bien qu’elle semble simple, le tissu est d’excellente qualité et bien adapté au style de gréement. Une voile plus exotique, faite en Mylar par exemple, ne serait pas forcément plus performante. Une opinion répandue dit que les vieilles voiles sont meilleures dans les petits airs. Certes, vous pouvez naviguer au meilleur niveau avec, mais une voile neuve ne sera en aucun cas moins rapide dans ces conditions et certainement meilleure dans la brise.

Il n’y a aucune raison de ne pas utiliser de voile neuve.

 

Assurez vous que chaque latte est centrée sur son élastique (ci-dessus) sinon vous risqueriez de les perdre lorsque la voile fasseye

Gréer une vieille voile

Si vous devez persister à naviguer avec une vieille voile pour des raisons financières, il y a quelques trucs pour en améliorer la performance. Amener la voile à retailler chez un maître voilier n’en est pas un, mais une grosse tension de cunningham sera un moyen de bien aplatir la voile : tirant le creux vers l’avant, redressant la chute et cintrant un peu plus le mât. Le bout doit être gréé de sorte que vous puissiez amener l’œillet de cunningham plus bas que le vit de mulet, ce qui permet de récupérer beaucoup de tissu. Vous aurez aussi à étarquer la bordure plus que la normale de sorte que dans une risée, la voile ait déjà le réglage optimal. Bien sûr, il y a des moments en régate ou vous voulez réglez votre voile avec le plus de puissance possible. Dans les petits airs et le clapot par exemple, vous pouvez laisser un peu de creux dans une vieille voile.

Pennons

Certaines personnes aiment en couvrir la voile, mais pas moi. J’en ai seulement deux : l’un sur le panneau juste au dessus de la fenêtre, l’autre près du haut de la voile un peu en dessous et en avant du logo laser.

J’utilise le premier comme un guide pour barrer, pour laisser courir en regardant celui sous le vent ou pour naviguer en finesse et faire contre gîter le bateau. J’y jette souvent un oeil pour le vérifier.

L’autre est une bonne indication du vrillage et du creux du haut de la voile. Dans le petit temps, le pennon du haut indiquera en décrochant avant le pennon du bas, que le haut de mât est trop droit et donc le haut de la voile trop creux. Dans ce cas, augmenter le cintre en étarquant le hâle-bas. Je n’utilise pas personnellement de pennons de chute parce que lorsque je suis sur le bateau je n’ai pas besoin d’autre aide pour me dire comment régler le bateau. Si j’utilisais un ruban de chute, je le mettrai près du haut de la voile comme une autre indication du creux pour voir comment la chute décroche. Vous verrez qu’une voile de Laser va décrocher dans le petit temps si sa forme est exagérément creuse : c’est simplement une manière de tenter de générer trop de puissance avec une surface de voile relativement petite. Prenez garde si vos pennons décrochent plus de 25 pour-cent du temps, votre voile est trop creuse.

Dans les petits airs, le haut de la voile ne doit pas être si creux que le pennon décroche. ; si c’est le cas, bordez un peu plus l’écoute et/ou reprenez du hâle-bas. Mais si le pennon sous le vent décroche, le haut de la voile est trop plat et le bateau ne prend pas de vitesse, relâchez alors du hâle-bas.