LE COMPAS
C’est un sujet de débat très ouvert, avec des éléments majeurs pour et contre. De mon point de vue, l’aspect positif du compas est qu’il situe par rapport au parcours. C’est particulièrement important quand vous manquez de points de référence au large ou en petite flotte. Il vous indique aussi où vous en êtes d’une évolution du vent, et si une extrémité de la ligne est favorisée ou non.
Ceci dit, je n’utilise pas de compas sur mon Laser. Les compas ne prédisent pas ce qui va se passer dans les 5 prochaines minutes et c’est plus important que de connaître la situation présente. Je pense que la principale raison de ne pas en avoir un, est que le bateau vire rapidement. Imaginez que vous êtes dans une adonnante et qu’il y a un grand nombre de bateaux à votre vent. Vous pouvez virer sans perdre beaucoup, vous replacer au milieu du groupe et virer de nouveau, vous protégeant ainsi d’une perte massive en terme de flotte. En utilisant un compas, vous auriez navigué aveuglément à travers la bascule.
Toute ma stratégie de régate tourne autour du conservatisme et de la navigation en flotte, que je fais mieux en régatant l’esprit en dehors du bateau plutôt que préoccupé par quelque chose sur le bateau. Et je crois que quand je suis au plus haut de mes capacités, je peux pressentir les évolutions du vent.
Ne vous occupez pas du compas lorsqu’il n’a pas d’intérêt dans votre stratégie générale. Si vous marquez un adversaire et que vous naviguez tous les deux dans un refus, alors restez avec lui. De même les évolutions progressives sont dangereuses parce que le compas va vous mentir, vous disant que cela adonne pour vous sans vous dire que cela adonne encore plus pour les bateaux à votre vent.
De quel type
Si vous choisissez d’utiliser un compas, il y en a quelques uns très bons sur le marché. Le compas de régate Silva spécialement conçu pour le Laser en est un, bien amorti, facile à lire et démontable.
Certaines personnes aiment les compas tactiques où les chiffres ne sont plus gradués selon 36 divisions mais 20, mais je crois que ce système de graduation est trop large, une bascule, lue de 5 degrés sur le compas, peut être en réalité de huit ou neuf degrés.
Quand et à quelle fréquence
Le meilleur moment pour utiliser un compas est durant l’heure précédant le départ, pour avoir une idée précise de la durée des oscillations, pour voir quelle extrémité de la ligne est avantagée, et déterminer quel côté du parcours est favorisé.
Une fois parti, vous pouvez consulter le compas régulièrement durant le près, surtout comme un point de référence, ensuite à la marque au vent pour prendre le cap du bord de portant. Mais dans les grandes flottes, vous serez probablement plus concerné par ce que les autres bateaux font.
Le compas est aussi pratique, pendant l’entraînement sur un plan d’eau peu familier, avant une régate. Si vous sentez une modification localisée du vent due au terrain, vous pouvez le confirmer avec le compas.
Angles de remontée au vent
Ce sont les éléments les plus importants à mon avis, pour dicter mes choix tactiques. Je commence par me dégager de la ligne de départ pour avoir un vent clair et ensuite je commence à regarder selon quels angles la flotte remonte. Si les bateaux derrière moi montent en cap et ceux devant tombent, je sais que j’arrive dans une refusante et c’est peut-être le moment de m’en sortir. Si vous êtes vraiment affûté, votre œil est le meilleur juge. Autant que les angles, votre œil peut vous dire si quelqu’un se trouve dans une zone avec plus ou moins de vent. Un compas ne vous le dira jamais.
Ceci sous entend évidemment que votre capacité à faire du cap est la même que celle de la majorité de la flotte. Il y a dans toute flotte de Laser des gens qui font courir et d’autres qui pointent. Je suis dans la deuxième catégorie. Mais je connais des coureurs aussi efficaces qui sont dans la première. Aux championnats du monde de Newport que j’ai gagnés, le gars qui a terminé 3ème faisait beaucoup courir et nous étions tous les deux dans le même rapport de VMG (compromis cap/vitesse) à la marque au vent dans de nombreux bords de près. Du moment que vous savez qui vous êtes, quelles sont vos forces et que vous pouvez le mettre en mémoire alors vous aurez de bonnes perspectives.
L’excellent compas Silva se glisse simplement dans un support fixé au taquet de cunningham.
LA GIROUETTE
Mon goût pour la simplicité sur un bateau, s’applique aussi aux girouettes. Je me crois capable d’être en phase avec le vent sans en avoir. Et je ne veux pas regarder en haut du mât quand je peux regarder, autour de moi, la flotte et la course.
Une girouette est utile en début de saison lorsque vous êtes un peu rouillé et aussi au vent arrière, vous indiquant les variations de vent de façon plus précise que vous ne pouvez le sentir. Nombre d’entre nous essaient de suivre les variations au vent arrière et une girouette a son utilité là. Rappelez vous cependant, qu’en navigant sur l’amure indiquée par la girouette vous êtes sur le bord adonnant ce qui n’est pas ce que vous voulez faire.
Pour le reste, je me focalise sur ma sensation du bateau et sur les pennons de voile. Ils vous diront vite si vous pointez ou laissez courir, lequel est le plus pertinent, quand votre voile est trop creuse ou quoi que ce soit d’autre...
De toute façon, vous êtes déjà équipé du meilleur indicateur de vent du monde : votre tête. Dans les régates majeures, je ne porte jamais ni lunettes de soleil ni casquette parce qu’un grand nombre de sensations viennent du visage et des oreilles. Mes oreilles ont une taille fort convenable pour être joliment efficaces.
En aparté, le barreur australien de la Coupe de l’America, Peter Gilmour, me dit une fois qu’il aimait relever ses manches de chemise pour sentir le vent sur ses bras. Chacun son truc.
Le doigt mouillé est un vieux truc de bonne femme, mais le visage mouillé certainement pas.
La sensation du vent sur le visage est votre meilleur indicateur de vent.